AtlantAves : Mission paléontologique à Sainte Hélène (Atlantique sud)
Par Antoine Louchart
Du 12 août au 12 septembre 2022, l’équipe composée de Antoine Louchart du LGL-TPE, et (première quinzaine) Julian Pender Hume du NHM (Tring, UK) et Kevin Gepford (écrivain naturaliste free lance), puis (seconde quinzaine) Anaïs Duhamel, doctorante LGL-TPE et Julien Joseph, doctorant LBBE, est partie en mission de terrain sur l’île de Sainte Hélène, territoire Britannique de l’Atlantique Sud.
L’objectif était de reprendre des fouilles, les dernières remontant à une quinzaine d’années, afin de trouver de nombreux subfossiles d’oiseaux (âge Pléistocène terminal jusqu’à la période historique d’occupation humaine de l’île –depuis 1502 AD). Ces oiseaux, ainsi que d’autres éléments de contexte, témoignent de toute une avifaune et un écosystème insulaires aujourd’hui disparus, à cause de l’homme justement.
Là bas, ils ont prospecté tous les sites connus, ainsi que de nouveaux. La mission a été extrêmement fructueuse, avec environ 7000 éléments subfossiles d’oiseaux rapportés au labo, pour déterminations et diverses analyses. Essentiellement des ossements d’oiseaux, ce matériel comprend aussi des gastéropodes terrestres, et de plus rares trouvailles : 2 plumes, des œufs, du bois fossile, du charbon de bois…
Cet abondant matériel actuellement en étude comprend de quoi compléter le registre des espèces : endémiques éteintes, disparues régionalement, y compris potentiellement de nouvelles espèces ; au travers des différentes localités et âges.
Ce projet (AtlantAves) se poursuivra au cours des prochaines années, et s’élargira avec des analyses concernant aussi les autres éléments de contexte (plantes, gastéropodes, pollen, sédiment) et par diverses méthodes (y compris ADN ancien, biogéochimie). L’objectif est, au delà de la reconstitution de l’écosystème natif perdu de l’île, de comprendre son évolution, et son altération à cause des changements climatiques (notamment la fin du Pléistocène), versus les impacts anthropiques depuis cinq siècles. Les résultats, dans une optique de paléobiologie de la conservation, seront précieux dans la valorisation du patrimoine Hélénien, et l’aide à l’élaboration de stratégies de conservation et de réintroductions.
L’équipe remercie le financement IEA (International Emerging Actions) du CNRS AtlantAves 2021-22, l’aide de l’OSUL (appel d’offre 2022 du Conseil Scientifique), ainsi que l’aide du thème 4Pal, et des crédits terrain du LGL-TPE.
L’équipe remercie aussi vivement Rebecca Cairns-Wicks (Saint Helena Research Institute et SH Research Council) pour son aide essentielle et son soutien depuis le tout début du lancement du projet, ainsi que, de façon non-exhaustive : les membres du Saint Helena Research Council ; Helena Bennett, Natasha Stevens et Gavin ‘Eddie Duff’ Ellick (Saint Helena National Trust) ; Adam Sizeland (Museum of Saint Helena) ; Annalea Beard (Cardiff University, UK) ; Stedson Stroud (Conservationist, Saint Helena) ; et Charlize Henry et d’autres étudiant.e.s locaux, pour leur aide, leur participation sur le terrain, leur enthousiasme et leur accueil !
Rendez-vous en 2024 !
La mission a aussi fait l'objet d'un article dans la presse locale "The St Helena Ambassador"
https://www.sainthelena.gov.sh/wp-content/uploads/2022/10/St-Helena-Ambassador-September-2022.pdf
Julian Hume et Antoine Louchart sur le site de Sugar Loaf 1 (photo Kevin Gepford)
Détail de l’apparence de l’affleurement avec os d’oiseaux à Sugar Loaf 1 (photo AL)
Julian Hume dessine une reconstitution d’un râle éteint endémique d’après les éléments fossiles connus (photo AL)
Une coupe naturelle dans les dépôts extrêmement riches de Prosperous Bay (photo AL)
Anaïs Duhamel et Julien Joseph à Prosperous Bay et ses sédiments silteux à guano (photo AL)
A Prosperous Bay (à partir du haut à gauche) : Anaïs Duhamel, Julien Joseph, Rebecca Cairns-Wicks, Annalea Beard, Eddie Duff, et Antoine Louchart
Nouveau site prospecté par l’équipe à « Lot’s Wife » et ses sédiments sableux (photo AL)
Récolte d’une demi journée à Sugar Loaf 2, riche en os d’oiseaux (y compris crânes intacts) et aussi œufs (photo AL)
Site de Lot’s Wife, et ses dépôts sableux, vus de loin, de l’est (photo AL)